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D’abord, elles sont à rechercher dans l’accroissement de la
taille des entreprises artisanales, cette évolution impliquant
un besoin accru en personnel d’encadrement et en personnel
administratif (gestion du personnel, comptabilité, etc.). La
deuxième raison réside dans la hausse des charges adminis-
tratives, cette derniè re se traduisant par une augmentation
continue, tant du nombre de formalités, que de la complexité
des procédures, un phénomène auquel l’ensemble des entre-
prises est confronté.
Revaloriser le secteur artisanal dans les mentalités de
la société luxembourgeoise
Généralement, l’artisanat est encore perçu comme un
secteur se caractérisant par le travail manuel. Or, le secteur
est depuis des années en mutation et les profils de main-
d’œuvre sont en constante évolution; le secteur emploie une
main-d’œuvre de plus en plus qualifiée et une part croissan-
te du
personnel exerce un travail de «type intellectuel».
Ainsi, 67% des salariés disposent d’une qualifi
cation en re-
lation avec le niveau de leur poste, alors que 9% de la main-
d’œuvre a même suivi des études supérieures. Au niveau de
la gestion administ rative des entreprises, le pourcentage de
collaborateurs qualifiés atteint même 88%.
Une récente enquête réalisée par la Chambre des Métiers a
permis d’estimer les besoins en personnel, de même que le
profil des salariés à recruter. Il en ressort que les entrepri-
ses nécessitent avant tout des salariés qualifiés (76%), voire
une proportion élevée de personnes ayant suivi des études
supérieures (14%).
Plusieurs facteurs sont à la base de cette évolution: le pro-
grès technologique, les nouveaux moyens de communica-
tion, l’envergure et la complexité de certains chantiers de
construction font appel à une main-d’œuvre bien formée.
De même, les exigences en matière d’efficacité énergétique
des bâtiments et le développement des sources d’énergies
renouvelables nécessitent des qualifications plus pous-
sées.
L’artisanat a perdu la souveraineté sur la qualification
de sa main-d’œuvre
Le secteur artisanal souffre en conséquence d’une pénurie
de main-d’œuvre qualifiée. Face à la très importante hausse
de l’emploi de la dernière décennie, l’écart entre la demande
de salariés et l’offre de main-d’œuvre issue du système édu-
catif luxembourgeoiss’accroît: le nombre d’apprentis et de
détenteurs du brevet de maîtrise ne suit plus. Il faut relever
que la majorité des salariés n’est pas passée par le système
éducatif national, 50% sont frontaliers et 37% des trav ail-
leurs sont immigrés résidents qui n’ont pas forcément suivi
le système éducatif national.
Le «modèle Artisanat»– CATP, Brevet de Maîtrise, Création
d’entreprise est en danger: en 2011, le bilan est de 1 CATP
pour 14 entreprises et 1 Brevet de Maîtrise pour 50 entrepri-
ses. La réforme du droit d’établissement vise à apporter une
certaine souplesse dans l’accès à l’indépendance et à la créa-
tion d’une entreprise artisanale.
Un poids politique de l’artisanat qui n’est pas à la hau-
teur de son poids économique et social
Au vu des développements des deux dernières décennies, on
peut affirmer que l’artisanat est un secteur dynamique qui:
•
crée un nombre impressionnant d’emplois, même en temps
de crise;
•
offre des emplois de plus en plus qualifiés (progrès tech-
nique, augmentation de la taille des entreprises);
• recrute néanmoins des travailleurs peu/pas qualifiés;
•
joue un rôle actif dans la lutte contre le chômage, notam-
ment le chômage des jeunes;
• se modernise et s’adapte aux mutations de son environne-
ment (réforme du droit d’établissement).
Cependant, la Chambre des Métiers constate que le poids poli-
tique de l’artisanat n’est pas à la hauteur de son poid s écono-
mique et social dans la société luxembourgeoise. Il est impor-
tant d’agencer un changement des mentalités da ns la société
luxembourgeoise, de revaloriser le secteur artisa nal à sa juste
valeur et de mettre fin aux préjugés que la société entretient à
l’encontre des métiers soi-disant «non-intellectuels».
L’artisanat, ainsi que les autres secteurs économiques, au-
raient pu afficher une évolution plus dynamique si la «ma-
chine administrative» avait joué un rôle de facilitateur et
de vecteur de promotio n, au lieu de se limiter à contrôler
l’activité et à freiner le développement des entreprises.
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2011
Artisanat
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